Au sortir d’une réunion difficile où, une fois de plus, j’ai été mis en accusation pour avoir dit, sans langue de bois, ce que je crois vrai, j’ai envie de redire ce que j’écrivais il y a quelques semaines :
Dans la vie politique, les majorités sont faites de la réunion de sensibilités diverses. Et c’est précisément la diversité qui fait la force d’un rassemblement capable de regrouper sur certains objectifs partagés, des personnes et des groupes de pensées qui n’ont pas une vocation naturelle à se réunir.
Mais, se réunir, ce n’est pas se confondre. Se rassembler ce n’est pas se dissoudre dans une commune uniformité. Coopérer, ce n’est pas renoncer à son identité et perdre l’originalité de ses convictions dans une unité fusionnelle au bénéfice de l’opinion majoritaire.
L’union n’a de sens que si elle respecte les diversités qui la composent. Et j’ai même la faiblesse de penser que l’expression de cette diversité est politiquement utile à la pérennité d’une union et à sa réussite. En marquant ma différence, lorsque je l’estime nécessaire, sur des sujets importants, je pense contribuer à conserver plus de voix à la majorité à laquelle j’appartiens que ce qu’une apparente, mais fictive, unanimité qui ne tromperait personne, pourrait le faire.
Et si la droite républicaine exprime des opinions parallèles aux miennes (deux droites parallèles ne se rejoignant pas), je ne tiens pas que ce soit un motif pour me taire.
Et j’y ajoute, ce soir, ce texte de Paul Ricoeur que je viens de relire : « dans une société pluraliste comme la nôtre, les opinions, les convictions, les professions de foi s’expriment et se publient librement. Ici la laïcité me paraît être définie par la qualité de la discussion publique, c’est-à-dire par la reconnaissance mutuelle du droit de s’exprimer, mais plus encore par l’acceptabilité des arguments de l’autre…. Ce que j’ai à demander à autrui, ce n’est pas d’adhérer à ce que je crois vrai, mais de donner ses meilleurs arguments…