Extrait de l'entretien de JPC à l'Est républicain le 14 mars.
Entre François Hollande et
Jean-Luc Mélenchon, qu’est-ce qui vous a fait pencher pour le premier ?
Jean-Pierre Chevènement : Seul François Hollande peut
aujourd’hui battre Nicolas Sarkozy et devenir président de la République. En me portant candidat le 5 novembre, j’entendais faire bouger les lignes. Après le discours de Hollande au Bourget et
l’énoncé de ses 60 engagements, j’ai constaté des infléchissements positifs : redresser la France et pour cela relancer la production, réorienter la construction européenne en renégociant le
désastreux traité signé à Bruxelles par Nicolas Sarkozy, synonyme de régression économique et sociale, rétablir la justice, redonner espoir à la jeunesse, porter haut la voix et les valeurs de la
France dans le monde. Comment ne reconnaîtrais-je pas là les orientations que de tout temps j’ai préconisées ?
Et vous ne les retrouviez pas chez Jean-Luc Mélenchon ? J’ai de l’estime pour le parcours qu’il a effectué
depuis le traité de Maastricht, même si je ne partage pas ses positions sur la sortie du nucléaire ou la régularisation de tous les sans-papiers. J’exprime une sensibilité républicaine et je ne
cherche pas à être « la gauche de la gauche ». Jean-Luc Mélenchon parle beaucoup de la République, mais je ne suis pas sûr qu’il y mette la même exigence que moi. La souveraineté nationale est à
mes yeux un point d’appui essentiel. Aussi bien, tout le monde sait que Mélenchon soutiendra Hollande au second tour. Je préfère donc apporter
d’emblée mon soutien à Hollande. C’est un homme chaleureux qui a l’intelligence des hommes et des choses. C’est un homme politique réaliste et talentueux. Jean-Luc Mélenchon n’a pas fini d’évoluer. Il fait, comme Arnaud Montebourg, partie de l’avenir.
François Hollande exercera la fonction de Président de la République avec dignité. Je sais qu’il s’adaptera très vite. Sa tâche sera difficile. Mais il a de la ressource. Je le soutiendrai les yeux ouverts, mais sans démagogie, avec le seul souci de lui faire entendre des arguments auxquels d’autres n’auraient pas pensé. J’ai assez de pratique pour savoir qu’en dernier ressort, le Président de la République est maître de la décision.