Notre opposition, hier, au projet de Constitution pour l'Europe et aujourdh'ui au traité de Lisbonne n'est pas un refus de la construction européenne. C'est le refus de voir l'Europe se construire comme un instrument d'une mondialisation libérale généreuse pour les nantis et cruelle pour les plus faibles et les pauvres. A propos de l'avenir de l'Europe, Il y a un siècle déjà, Jean Jaurès et Ernest Renan ouvraient des perspectives qui n'ont pas été explorées mais qui méritent de l'être comme alternative à ce qu'on veut nous imposer aujorud'hui. Relisons textes dont voici deux brèves citations
Ernest Renan. (Qu"est ce qu"une Nation ?) : Les Nations ne sont pas quelque chose d"éternel. Elles ont commencé, elles finiront. La confédération européenne, probablement, les remplacera. Mais telle n"est pas la loi du siècle où nous vivons. A l"heure présente, l"existence des nations est bonne, nécessaire même. Leur existence est la garantie de la liberté, qui serait perdue si le monde n"avait qu"une loi et qu"un maître.
Jean Jaures (L"Armée nouvelle) : Il n"y a que trois manières d"échapper à la patrie, à la loi des patries. Ou bien il faut dissoudre chaque groupement historique en groupements minuscules, sans liens entre eux, sans ressouvenir et sans idée d"unité. Ce serait une réaction inepte et impossible, à laquelle d"ailleurs, aucun révolutionnaire n"a songé ; car, ceux-là mêmes qui veulent remplacer l"Etat centralisé par une fédération, ou des communes ou des groupes professionnels, transforment la patrie ; ils ne la suppriment pas,… Ou bien il faut réaliser l"unité humaine par la subordination de toutes les patries à une seule. Ce serait un césarisme monstrueux, un impérialisme effroyable et oppresseur dont le rêve même ne peut pas effleurer l"esprit moderne. Ce n"est donc que par la libre fédération de nations autonomes répudiant les entreprises de la force et se soumettant à des règles de droit, que peut être réalisée l"unité humaine. Mais alors ce n"est pas la suppression des patries, c"en est l"ennoblissement. Elles sont élevées à l"humanité sans rien perdre de leur indépendance, de leur originalité, de la liberté de leur génie.