Quelle que soit leur rigueur scientifique, les sondages qui placent M. Le Pen en tête des intentions de vote doivent faite réfléchir. Extraits d'un texte lu sur le site Marianne2
Passé le " traumatisme ", les appels incantatoires au " vote utile " et à la " candidature de rassemblement " peut-être l’ère de la réflexion véritablement politique s’ouvrira-t-elle enfin. Peut-être la droite de gouvernement cessera-t-elle d’envoyer des signaux maladroits aux électeurs frontistes, en leur proposant un panel de débats dont on ne sait plus s’ils portent sur l’identité nationale, sur les racines chrétiennes de la France, sur la place de l'islam dans nos contrées ou sur le régime de laïcité. Ainsi, peut-être les préoccupations économiques et sociales des électeurs, que la leader frontiste accapare volontiers, reviendront-elle au centre des préoccupations de l’UMP et de ses alliés.
A l’inverse, peut-être la gauche acceptera-t-elle de sortir de son rôle traditionnel de promoteur d’un modèle social protecteur pour se risquer sur terrain des questions identitaires, qui, si
elles ne méritent pas forcément d’être sans cesse au cœur du débat public, ne peuvent être simplement balayées d’un revers de main méprisant.
Pour aller plus loin, peut-être la collaboration de Louis Harris et du Parisien aura-t-elle finalement été fructueuse si elle permet à la classe politique de s’aviser que le succès de Marine
Le Pen tient désormais à son aptitude à ne s’interdire aucun sujet, et à aborder sans pudeur toutes les thématiques, qu’elles soient économiques, sociales, identitaires, qui préoccupent une
partie croissante de l’électorat, sans jamais se demander s’il s’agit là de thématiques de gauche, ou de droite.
" Ni gauche, ni droite ", c’est l’antienne du Front national depuis toujours. Pourquoi ne pas espérer, enfin qu’à l’aune du sondage Harris, d’aucuns proposent une variante non populiste de
cet apophtegme, qui pourrait être " au-delà de la gauche et de la droite, la République ". Après tout, le succès frontiste signe l’avidité du corps électoral pour une alternative
à la droite de gouvernement et à la gauche d’accompagnement. Après tout, les gaullistes historiques et les socialistes républicains ne sont pas si éloignés, que ce soit dans leur aptitude à
concevoir un projet politique global, ou dans la nature des solutions qu’ils élaborent.
Si le sondage qui fâche permet au moins que l’on réfléchisse à tout cela, il aura certes fait beaucoup de bruit, mais pas nécessairement pour rien.