Au cours des quatre années du 1er conflit mondial, 195.000 soldats dont 35.000 officiers ont eu à faire à la Justice militaire.
Parmi les 2.500 condamnations à mort prononcées, près de 700 ont été mises à exécution.
Une quarantaine de ces hommes tombés sous les balles françaises des pelotons d’exécution ont bénéficié d’une réhabilitation . Demeurent les 639 “fusillés pour l’exemple”, qui sous des prétextes parfois totalement fallacieux, choisis au hasard ou désignés comme « meneurs » parce que militants, syndicalistes notamment, furent exécutés avec des balles françaises par des soldats français.
En 1998, lors d'une cérémonie officielle à Craonne, haut-lieu de la bataille du « Chemin des Dames » d'avril 1917, qui avait été l'élément déclencheur d'importantes vagues de mutineries dans l'armée pour protester contre les « offensives suicides », le Premier ministre Lionel Jospin avait semblé engager un processus de réhabilitation de la mémoire des mutins. Il avait alors déclaré : « certains de ces soldats, épuisés par des attaques condamnées à l'avance, glissant dans une boue trempée de sang, plongés dans un désespoir sans fond, refusèrent d'être des sacrifiés. Que ces soldats, " fusillés pour l'exemple ", au nom d'une discipline dont la rigueur n'avait d'égale que la dureté des combats, réintègrent aujourd'hui, pleinement, notre mémoire collective nationale.»
Il serait sans doute temps, cent ans après, de procéder formellement à cette réhabilitation.