Il m’est difficile de reprendre le fil de mes notes sans évoquer une situation que j’ai eu à traiter pendant ma permanence municipale du début du mois d’août, situation qui me
trouble à plus d’un titre.
Depuis février dernier, une quarantaine de Roms, de nationalité serbe, demandeurs d’asile, étaient hébergés à Valence sous la responsabilité des services de l’Etat en attendant le traitement de
leur demande. Le 30 juillet, faute de crédits, cette quarantaine de personnes a été purement et simplement mise à la rue. Le maire de Valence – qui n’a aucune responsabilité légale en la matière
– a alors accepté, dans un souci humanitaire et d’ordre public, d’accueillir provisoirement ces personnes sur le terrain de camping municipal, la Croix rouge fournissant des tentes et de
la nourriture. Cette solution a été effectivement mise en place en accord avec la préfecture.
En quelques jours, des hébergements plus durables sont trouvés dans différentes foyers, pour tous ces demandeurs d’asile sauf pour deux familles qui restent sans solution..
Les hommes ayant été conduits au centre de rétention de Nîmes en vue de leur expulsion, le vendredi 7 août, sur ordre de la préfecture, la Croix rouge démonte les tentes et cesse la distribution
de nourriture. Deux femmes, dont une enceinte de son troisième enfant, se trouvent alors, sur le territoire de la commune de Valence, sans abri et sans nourriture du fait d’une décision des
services de l’Etat !
Le maire étant en congé, j’interviens auprès de la préfecture pour tenter de clarifier la situation et de trouver une solution pour assurer la sécurité, notamment alimentaire, des femmes et des
enfants.. Il m’est répondu que tout le possible a été fait, qu’il n’y n’a plus de moyens légaux de s’occuper d’eux, que l’arrêté d’expulsion qui a été pris à leur encontre ne sera pas exécuté et
que ces femmes doivent retourner volontairement en Serbie avec leurs enfants ! En attendant : qu’elles se débrouillent ! A peu de nous laisser penser qu’on a mis en place une stratégie de la
famine pour les inciter à partir.
A ce jour, près d’un mois après le début de cette affaire, ces femmes et leurs enfants sont toujours au camping de l’Epervière dans les conditions de précarité qu’on imagine.
Je ne suis pas de ceux qui considèrent que la France doit accueillir tous les demandeurs d’asile sans exception. Je n’ai jamais signé de pétition pour la régularisation systématique de tous les
sans papiers Pour autant je suis profondément choqué par ce que je viens de vivre.
Dès lors que des êtres humains sont sur son territoire, et quel que soit leur statut, la République Française ne peut pas, délibérément, les laisser dans un complet état d’abandon et les
priver d’abri et de nourriture. La République Française ne peut pas prendre des décisions qu’elle n’ose pas appliquer (arrêté d’expulsion non suivi d’effet). Si tel est le cas c’est que ces
décisions sont mauvaises ou que les conditions de leur application ne sont pas réellement requises - et il faut alors les rapporter. Les représentants de la République Française ne peuvent
pas, dans leur rapports avec les représentants d’une collectivité locale, pratiquer la demie vérité, l’approximation, voire la désinformation comme cela a été fait envers nous la semaine
dernière. (On nous a affirmé que tous les recours légaux de ces femmes avaient été épuisés alors qu’un recours contre la décision de rejet de leur demande d’asile est en cours. On nous a affirmé
que les dispositions pour une aide au retour été prises alors que rien n’a été encore effectivement mis en place, etc…)
Je suis d’autant plus choqué de ces pratiques à l’égard de ces femmes et de leurs enfants que des membres de leur famille : père, mère, sœurs, belle-sœur et beaux-frères, arrivés dans les même
conditions qu’elles, se sont vus attribuer le droit d’asile ou attendent que leurs demandes soient instruites dans des foyers ou des centres d’accueil.
L’accueil des étrangers sur notre territoire est un problème complexe et difficile. Il ne peut être traitée sans un souci de cohérence, de rigueur et ...d’humanité. S’il m’était permis de
rencontre M. Besson, maire de Donzère et ministre de l’immigration, j’aurais pas mal de questions à lui poser !