Le mouvement des gilets jaunes et les questions qu'il pose relativement à l'organisation de la démocratie représentative est l'occasion de relire quelques classiques.
je viens de le faire avec un texte d'Alain dont j'extrais cette phrase que je livre à la méditation des lecteurs des amis de ce blog : La démocratie n'est pas dans l'origine populaire du pouvoir, elle est dans son contrôle. La démocratie, c'est l'exercice du contrôle des gouvernés sur les gouvernants. Non pas une fois tous les cinq ans, ni tous les ans, mais tous les jours.
Lu sur le site "Marianne 2"
Le lundi 4 février sur LCI, l'humoriste Yassine Belattar, proche d'Emmanuel Macron, à tel point que celui-ci l'a nommé au sein du "Conseil présidentiel des villes", a passé les députés de la République en marche (LREM) à la moulinette dans l'émission Audrey & cie : "La République en marche est aujourd'hui un ramassis d'incompétents avérés, il faut dire la vérité", a lancé l'humoriste lors d'un débat sur l'opportunité d'un référendum lors des élections européennes.
Celui qui a l'oreille du chef de l'Etat sur les banlieues a profité de l'occasion pour étriller l'inanité qui règne, selon lui, dans les rangs des élus LREM, véritables coquilles vides selon lui : "On n'a pas élu les députés En marche, on a donné le pouvoir à Emmanuel Macron, c'est une nuance importante. Je pense qu'une chèvre aurait eu l'étiquette en marche, elle aurait fait 20%".
La litanie de reproches, qui épargne le chef de l'Etat, ne s'arrête pas là. Le comédien regrette que les députés LREM "ne se posent même pas la question de savoir s'ils peuvent débattre", par exemple sur la loi anti-casseurs. "Ils viennent à l'Assemblée, ils votent", regrette Yassine Belattar.
« Cinq heures tous les deux jours, ce serait Poutine, on rigolerait ! Il n’y a pas l’ombre d’une contradiction. Il dit des choses fausses, personne ne peut dire : "C’est pas vrai ce que vous dites." »
Marie Noelle Lieneman
Fidel Castro est menacé dans sa spécialité : les discours fleuve !
Un de mes amis me rappelle opportunément ce propos de P. Ricoeur dont notre Président chanoine dit être un élève :
« Est démocratique, une société qui se reconnaît divisée, c’est-à-dire traversée par des contradictions d’intérêt et qui se fixe comme modalité, d’associer à parts égales, chaque citoyen dans l’expression de ces contradictions, l’analyse de ces contradictions et la mise en délibération de ces contradictions, en vue d’arriver à un arbitrage »
C'est difficile la démocratie !
La privatisation des autoroutes c’est le jackpot pour les concessionnaires qui ont les mains libres
Les salariés aux barrières de péage disparaissent au profit des machines. On estime à 6000 les suppressions d’emplois.
Les grands groupes Vinci et Eiffage font appel à leurs propres filiales pour réaliser les travaux d'entretien ou d'investissement.
En théorie, l'Etat est "maître " sur les tarifs puisque ceux ci ne peuvent être augmentés de plus que le minimum de 70% de l'inflation qu'avec son accord mais tout nouvel investissement (nouvelle sortie, nouvel échangeur, troisième voie, équipements de sécurité...) fait l'objet d'un amendement au contrat de concession qui accorde au concessionnaire une augmentation supplémentaire pour compenser les coûts d'investissement. C'est ainsi que ces 10 dernières années, l’augmentation dépasse les 20%, très largement supérieur à ce qui était prévu à la base.
Les autoroutes doivent redevenir biens publics.
Le Dauphiné Libéré du 4 février (page 9, édition du Grand Valence) fait état, photos à l’appui, d’une rencontre qui a eu lieu dans un lycée valentinois entre les représentants de trois religions : un diacre, un pasteur et un iman et des élèves.
Selon le journal, au cours de cette rencontre, les religieux auraient tenu ce propos : « Tous ont rendu à César ce qui lui appartenait en distinguant le fait religieux, la foi et la politique qui est en fait la véritable cause de conflit dans le monde.»
La connaissance des faits religieux, des religions et de leur place dans l’histoire est inscrite dans le socle commun des connaissances, des compétences et de la culture que doivent acquérir les élèves de l’enseignement public. Cet enseignement « décrit et analyse les faits religieux comme éléments de compréhension de notre patrimoine culturel et du monde contemporain, à travers les disciplines comme l'histoire, les lettres, l'histoire des arts, l'éducation musicale, les arts plastiques ou la philosophie. » (site eduscol). Il doit donc être pensé comme un enseignement laïque. Il relève de la compétence des enseignants et ne peut en aucun cas être assuré par les représentants des religions : prêtre, iman, rabbin ou un pasteur, même si cela devait être fait dans le cadre d’interventions œcuméniques d’apparence.
A cet égard, l’initiative rapportée par la presse contrevient manifestement au principe de laïcité qui doit prévaloir dans l’enseignement public. Elle ne peut en aucun se prévaloir de s’inscrire dans le programme officiel des classes de terminale qui prévoit le thème suivant : Pluralisme des croyances et laïcité. Il est en effet peu probable que la laïcité ait eu la moindre place dans cette séance « d’information ».
S’il est évidemment nécessaire que les élèves de l’enseignement public soient informés de ce que sont les religions et de leur rôle dans l’histoire, il est tout à fait intolérable que cela soit fait dans les conditions rapportées par la presse et que ce soit l’occasion d’exonérer les religions de toute responsabilité dans les conflits qu’a connu et que connait le monde. Les lycéens, futurs citoyens, ont droit à une autre éducation.
La semaine dernière je n’ai fait aucun commentaire sur les déclarations alarmistes du maire de Valence et du préfet à propos de la manifestation des « gilets jaunes » prévue le 2 février. Et pourtant ça me démangeait !
Annoncer 1000 casseurs et affoler la population et les commerçants relevait manifestement d’une stratégie de la provocation. La volonté était clairement de discréditer le mouvement en focalisant l’attention sur des risques de débordement. Il s’agissait, pour l’essentiel, de tout faire pour que le contenu des revendications soit le plus possible masqué par la fumée des gaz lacrimogènes. Et on a pas pu s’empêcher d’en lancer quelques uns à proximité de la préfecture, même si ce n’était pas très utile.
Annuler toutes les activités publiques, y compris les spectacles qui devaient avoir lieu dans la soirée, relevait de la manipulation. Faire peur d’abord pour entretenir ensuite les esprits dans l’idée qu’un comportement de plus en plus autoritaire et répressif du pouvoir politique et des forces est légitime, s’inscrit dans cette stratégie qui vise, en réalité, la mise en cause des principes démocratiques.
Même des députés LREM s’en inquiètent qui ont indiqué qu'ils allaient s'abstenir mardi ou voter contre la proposition de loi « anti-casseurs ».
Bientôt quinze jours de « grand débat ». La stratégie gouvernementale apparaît clairement.
Gagner du temps ; tenter de déclencher une logorrhée généralisée ; noyer les revendications sous le verbe « libéré » ; remplacer la décision par le dire ; essayer d’aller cahin-caha jusqu’aux européennes qu’on espère manipuler en téléguidant une liste « contestataire » ; donner l’impression qu’on bouge pour mieux rester sur place.
Le Président et les ministres y mettent du leur. Ils n’écoutent pas. Ils parlent. Ils démontrent. Ils expliquent que tout ce qu’ils font est bel et bon et qu’il n’y a rien d’autre à faire que ce qu’ils font.
Avec ça, la contestation et les samedis noirs s’enkystent.
Lorsque le kyste sera devenu tumeur, il faudra bien avoir recours à la chirurgie.
Alors ce sera une autre histoire. Et cette histoire ne sera pas une comédie !