Le temps de l’émotion officielle étant passé, on peut peut-être essayer de raisonner tranquillement.
A quelques mois près je suis conscrit de Johnny. Ni Hallidayphile, ni Hallidayphobe, je l’ai écouté parfois avec intérêt, mais je serais plutôt G. Brassens, L. Ferré, J.Brel, JM. Brua ; F. Solleville, A. Vanderlove. M. Robine , J.R Caussimon ; P. Colombo, M. Fanon, M. Ogeret … (Je crains qu’un certain nombre de lecteurs ne connaissent pas les derniers.)
Cela dit qu’un hommage soit rendu à celui qui occupe effectivement une place très importante dans l’histoire de la chanson et de la musique n’a rien d’anormal. Tout est une question de forme et de mesure. Johnny Halliday est respectable mais il n’est pas Victor Hugo.
Je m’interroge donc sur le projet qui était celui du service public durant toute cette semaine : interminables séries d’émissions spéciales pour nous convaincre que toute la France devait reconnaître en JH une d’icône nationale et que nous avions tous quelque chose de Johnny.
Je m’interroge encore plus sur l’intention du Président de la République quand il a qualifié Johnny Halliday de héros national. Si la France n’a d’autres héros à célébrer et d’autre modèle à proposer à sa jeunesse que quelqu’un qui fut, de toute évidence, un grand chanteur mais aussi, un amateur de gros cubes pollueurs, un flambeur qui a eu son passage par la drogue et l’alcool, un exilé fiscal, etc. c’est qu’il y quelque chose de détraqué dans notre pays. Le rôle de l’Etat et de son chef n’est pas de relayer et de cultiver ce type d’idolâtrie. Il y a certainement autre chose à dire à la jeunesse de notre pays que de prendre JH pour référence.
Que Johnny repose en paix. Il y a droit. Mais sachons garder mesure. Ne passons pas du respect dû à chacun à une forme perverse de fétichisme qui relève plus du pathos que de la raison.